Ils étaient à Omaha
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Ils étaient à Omaha
Témoignage de Anthony Leone, US Coast Guard, LCT 27 :
Mon navire de débarquement, le LST 27 des gardes-côtes américains quitta Falmouth en Angleterre comme partie de la force-B et, le 5 juin 1944, nous formâmes le convoi B-3, composé entièrement de LST.
Nous avions les hommes de la 175th AT Company ainsi que d'autres personnels du support. Nous avions aussi à bord une importante équipe médicale avec deux docteurs, assignés à notre bateau pour l'invasion. Notre système de communication public transportant la voix du général Eisenhower au travers du bateau.
" Votre attention pour un message du commandant en chef du corps expéditionnaire allié. "
" Soldats, marins et aviateurs du corps expéditionnaire allié......Il finit son discours par " Implorons la bénédiction du Tout Puissant sur cette grande et noble entreprise. "
En attendant, le hurlement sans fin des moteurs d'avion,empêchait toute tentative de tenir une conversation normale. Les C-47 transportant les parachutistes faisaient clignoter leurs feux d'atterrissage de la lettre 'V' pour victoire. Nous faisions partie de la Task Force 126, Force de suivi 'B' sous le commandement du commodore Campbell Edgar.
Nous sommes maintenant le 7 juin 1944, et nous entendîmes que Rome en Italie avait été déclarée ville ouverte. Les obus des navires Texas et Arkansas passaient au dessus de nos têtes dans un bruit semblable à des locomotives lancées à toute vitesse. Les obus de 88mm tombaient dans l'eau comme nous approchions de la plage. Je ne pouvais voir la plage car une longue traînée de fumée blanche recouvrait Omaha beach.
Vague après vague durant la matinée, les C-47 remorquant les planeurs se dirigeaient vers l'intérieur des terres. Les B-17 et les B-24 de la 8e Air Force avaient largué les bombes près des têtes de plage. Nous pouvions voir ce qui semblait être du bois mort dispersé tout du long de la plage mais un second examen avec des jumelles plus fortes révéla être les corps des soldats morts flottant au gré de la marée.
Comme des abeilles fâchées, un essaim de P-38, P-51 Mustang, Spitfires et Hurricanes bourdonnaient au dessus de nos têtes et disparaissaient à l'horizon en direction de Vierville. Je pouvais voir des uniformes gris en haut des falaises en direction de la pointe du hoc et des silhouettes portant nos uniformes attaquant dans leur direction. Cela ressemblait à une partie de cache-cache puis, après un moment, aucune silhouette grise ne bougeait plus.
Notre LST ne pu approcher pour débarquer à cause du nombre important de mines Teller ainsi que des tirs de mitrailleuses balayant la plage. Beaucoup se perdaient dans l'eau près de nous tandis que les canons de 88mm allemands visaient les bateaux ancrés dans le voisinage. Un petit remorqueur fut touché et un geyser d'orage jaillit vers le ciel. Après une tentative stérile de débarquer plus tôt, nous arrivâmes finalement le 8 au milieu de tirs sporadiques de snipers ou d'artillerie de 88mm.
Le premier camion quitta notre rampe et heurta une mine, propageant le feu aux véhicules avoisinants. Bientôt les bruits horribles des cris perçants remplirent l'air tandis que les hommes du 175th luttaient pour se libérer des flammes qui avaient déjà consumé les corps de leurs camarades. Une de nos officiers tira l'un des soldats des débris éparpillés sur la plage et le traîna sur la plateforme d'un tank, l'étendant afin que les médecins puissent commencer à déchirer fiévreusement les habits carbonisés de son corps. Un sergent, sa veste en feu, se précipita hors des camions en feu et plongea dans une grande étendue d'eau, provoquant le dégagement d'un minuscule nuage de vapeur. Nos médecins l'amenèrent rapidement à bord et commencèrent à le traiter. Un panache de fumée noire monta des camions et pu être distingué de loin sur la Manche. Nous fermâmes les portes avant de sorte que nous ne pûmes plus être témoins de la souffrance de ces hommes du 175th AT qui restaient prisonniers de la déflagration. Leurs cris purent être entendus sur toute l'étendue de la plage d'Omaha. La marée recouvra lentement les squelettes noircis.
Nous débarquâmes le reste du 175th AT plusieurs heures plus tard et les observâmes tandis qu'ils se dirigeaient vers la plus proche sortie de plage. Ils devaient perdre d'autres hommes à cause des SS Allemands quand, peu de temps après, un certain nombre furent faits prisonniers. Ceux d'entre eux qui portaient un dog tag les identifiant comme juif furent tués sur place entre les haies, si nombreuses dans le bocage.
Le 19 juin, nous étions en route pour débarquer à la plage d'Utah quand le LST 523, transportant des hommes du 300th Engineers, heurta une mine ou fût torpillé. Une centaine d'hommes du génie devinrent des morceaux de chair flottant dans les eaux de la Manche.
Le Jour-J était, en effet, le jour le plus long et il ne finirait pas, pour beaucoup d'entre nous, jusqu'à la fin de la guerre. J'ai reçu une décharge médicale en 1946, puis ai été soumis à un traitement d'insuline. Aujourd'hui ma jambe est encore engourdie à cause de l'explosion d'une mine sur la plage d'Omaha bien après le Jour-J. Les survivants du LST 523 reçoivent aujourd'hui un bulletin mensuel et nous aimons échanger nos mémoires par email ou courrier.
Les cris de ces hommes emprisonnés dans les camions brûlants sur la plage d'Omaha continueront à me hanter le reste de ma vie.
Je suis le plus grand argument contre la guerre, participant à des émissions de télévision, écrivant des livres et présentant des exposés dans les écoles locales, insistant sur la futilité de la guerre.
Paix.
Tony Leone US Coast Guard LST 27 (04 Novembre 2002).
Mon navire de débarquement, le LST 27 des gardes-côtes américains quitta Falmouth en Angleterre comme partie de la force-B et, le 5 juin 1944, nous formâmes le convoi B-3, composé entièrement de LST.
Nous avions les hommes de la 175th AT Company ainsi que d'autres personnels du support. Nous avions aussi à bord une importante équipe médicale avec deux docteurs, assignés à notre bateau pour l'invasion. Notre système de communication public transportant la voix du général Eisenhower au travers du bateau.
" Votre attention pour un message du commandant en chef du corps expéditionnaire allié. "
" Soldats, marins et aviateurs du corps expéditionnaire allié......Il finit son discours par " Implorons la bénédiction du Tout Puissant sur cette grande et noble entreprise. "
En attendant, le hurlement sans fin des moteurs d'avion,empêchait toute tentative de tenir une conversation normale. Les C-47 transportant les parachutistes faisaient clignoter leurs feux d'atterrissage de la lettre 'V' pour victoire. Nous faisions partie de la Task Force 126, Force de suivi 'B' sous le commandement du commodore Campbell Edgar.
Nous sommes maintenant le 7 juin 1944, et nous entendîmes que Rome en Italie avait été déclarée ville ouverte. Les obus des navires Texas et Arkansas passaient au dessus de nos têtes dans un bruit semblable à des locomotives lancées à toute vitesse. Les obus de 88mm tombaient dans l'eau comme nous approchions de la plage. Je ne pouvais voir la plage car une longue traînée de fumée blanche recouvrait Omaha beach.
Vague après vague durant la matinée, les C-47 remorquant les planeurs se dirigeaient vers l'intérieur des terres. Les B-17 et les B-24 de la 8e Air Force avaient largué les bombes près des têtes de plage. Nous pouvions voir ce qui semblait être du bois mort dispersé tout du long de la plage mais un second examen avec des jumelles plus fortes révéla être les corps des soldats morts flottant au gré de la marée.
Comme des abeilles fâchées, un essaim de P-38, P-51 Mustang, Spitfires et Hurricanes bourdonnaient au dessus de nos têtes et disparaissaient à l'horizon en direction de Vierville. Je pouvais voir des uniformes gris en haut des falaises en direction de la pointe du hoc et des silhouettes portant nos uniformes attaquant dans leur direction. Cela ressemblait à une partie de cache-cache puis, après un moment, aucune silhouette grise ne bougeait plus.
Notre LST ne pu approcher pour débarquer à cause du nombre important de mines Teller ainsi que des tirs de mitrailleuses balayant la plage. Beaucoup se perdaient dans l'eau près de nous tandis que les canons de 88mm allemands visaient les bateaux ancrés dans le voisinage. Un petit remorqueur fut touché et un geyser d'orage jaillit vers le ciel. Après une tentative stérile de débarquer plus tôt, nous arrivâmes finalement le 8 au milieu de tirs sporadiques de snipers ou d'artillerie de 88mm.
Le premier camion quitta notre rampe et heurta une mine, propageant le feu aux véhicules avoisinants. Bientôt les bruits horribles des cris perçants remplirent l'air tandis que les hommes du 175th luttaient pour se libérer des flammes qui avaient déjà consumé les corps de leurs camarades. Une de nos officiers tira l'un des soldats des débris éparpillés sur la plage et le traîna sur la plateforme d'un tank, l'étendant afin que les médecins puissent commencer à déchirer fiévreusement les habits carbonisés de son corps. Un sergent, sa veste en feu, se précipita hors des camions en feu et plongea dans une grande étendue d'eau, provoquant le dégagement d'un minuscule nuage de vapeur. Nos médecins l'amenèrent rapidement à bord et commencèrent à le traiter. Un panache de fumée noire monta des camions et pu être distingué de loin sur la Manche. Nous fermâmes les portes avant de sorte que nous ne pûmes plus être témoins de la souffrance de ces hommes du 175th AT qui restaient prisonniers de la déflagration. Leurs cris purent être entendus sur toute l'étendue de la plage d'Omaha. La marée recouvra lentement les squelettes noircis.
Nous débarquâmes le reste du 175th AT plusieurs heures plus tard et les observâmes tandis qu'ils se dirigeaient vers la plus proche sortie de plage. Ils devaient perdre d'autres hommes à cause des SS Allemands quand, peu de temps après, un certain nombre furent faits prisonniers. Ceux d'entre eux qui portaient un dog tag les identifiant comme juif furent tués sur place entre les haies, si nombreuses dans le bocage.
Le 19 juin, nous étions en route pour débarquer à la plage d'Utah quand le LST 523, transportant des hommes du 300th Engineers, heurta une mine ou fût torpillé. Une centaine d'hommes du génie devinrent des morceaux de chair flottant dans les eaux de la Manche.
Le Jour-J était, en effet, le jour le plus long et il ne finirait pas, pour beaucoup d'entre nous, jusqu'à la fin de la guerre. J'ai reçu une décharge médicale en 1946, puis ai été soumis à un traitement d'insuline. Aujourd'hui ma jambe est encore engourdie à cause de l'explosion d'une mine sur la plage d'Omaha bien après le Jour-J. Les survivants du LST 523 reçoivent aujourd'hui un bulletin mensuel et nous aimons échanger nos mémoires par email ou courrier.
Les cris de ces hommes emprisonnés dans les camions brûlants sur la plage d'Omaha continueront à me hanter le reste de ma vie.
Je suis le plus grand argument contre la guerre, participant à des émissions de télévision, écrivant des livres et présentant des exposés dans les écoles locales, insistant sur la futilité de la guerre.
Paix.
Tony Leone US Coast Guard LST 27 (04 Novembre 2002).
Dernière édition par La Jeanne le Mar 31 Jan 2017 - 20:27, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Ils étaient à Omaha
Témoignage de Albert J.Berard,signalman 3rd class, LCT 538
Il était environ 5h du matin lorsque nous approchâmes de la zone de rassemblement des LCT, qui devaient y former des colonnes avant de débarquer. Vers 5h30, je reçus l'ordre du capitaine de hisser certains pavillons qui indiquaient aux barges de s'aligner puis de se diriger vers leurs secteurs de débarquement respectifs.
Le LCT numéro 538, commandé par le LT JG Hamilton Adams était le premier d'une colonne de huit LCT, numérotés de 538 à 545. Les péniches 538, 539, 540, 541 et 542 devaient accoster sur Easy Red et les trois autres -le 543, le 544 et le 545, je crois- devaient faire débarquer leurs troupes sur Fox Green. Nous devions tous arriver sur la plage vers l'heure H, qui était 6h ou 6h30. Le tir des canons et des mitrailleuses en provenance de la côte était si intense qu'il fut très difficile d'accoster convenablement afin de permettre aux troupes de quitter l'embarcation.
La rampe fut abaissée mais aussitôt relevée car nous dûmes faire demi-tour sans avoir pu débarquer un seul véhicule. Durant les quelques instants passés sur le secteur de débarquement nous fûmes touchés par plusieurs coups de 88, qui, associés au tir des mitrailleuses, causèrent la perte de plusieurs membres d'équipage. Pour ajouter à notre malheur, le courant nous dévia vers un obstacle surmonté d'une mine. L'explosion endommagea deux ou trois compartiments étanches au fond du bateau et les compartiments inondés nous obligèrent à rester loin du bord tandis que l'eau montait. Nous réussîmes finalement à quitter le secteur, à la recherche d'une autre plage où débarquer. Avec ces compartiments inondés, nous ne pouvions plus approcher assez près de la plage pour débarquer les véhicules en sécurité.
Nous finîmes par atteindre une plage afin de débarquer les hommes et les véhicules, mais nous ne pûmes approcher suffisamment pour leur permettre de débarquer directement et la plupart des véhicules ne purent atteindre la plage. Ils coulèrent avant d'avoir touché terre.
Lorsque nous débarquâmes la première fois, c'était un véritable chaos, des corps flottant tout autour de nous tandis que d'autres volaient en morceaux dans les airs. Le LCT 539, commandé par le LT JG Linwood Rideout, s'apprêtait à débarquer ses troupes à notre gauche et leur premier contact avec la plage n'était pas meilleur que le nôtre… Eux aussi souffrirent, touchés par des coups directs de 88, et perdirent des hommes. Le 539 dut lui aussi faire demi-tour et chercher un autre endroit pour débarquer. Le LCT 540 commandé par le LT JG Frederick Nye Moses heurta le sable et reçu NEUF coups directs de 88, tuant le capitaine en action ainsi que plusieurs membres d'équipage.
Peu après notre seconde tentative de débarquement, les mécaniciens purent réparer nos avaries et nous fûmes en mesure de manoeuvrer convenablement notre embarcation. Nous étions maintenant à même de reprendre notre mission qui consistait à aller chercher des troupes supplémentaires sur les Liberty Ships ancrés au large... Ce manège devait durer jusqu'à la tombée de la nuit.
S'il y a quelque chose dont je me souviendrai toujours, c'est cet horrible sifflement des obus allemands de 88 passant au-dessus de nos têtes. Croyez-moi, il y avait un effroyable vacarme. A ce moment-là, le bombardement avait cessé à cause de nos troupes sur la plage. C'était un véritable tir de barrage que celui auquel nous faisions face tout autant que celui provenant de nos navires... le secteur Easy Red d'Omaha était directement menacé par l'artillerie côtière. Les Allemands nous visaient avec une grande précision, tant et si bien qu'on eût crû qu'ils étaient juste au-dessus de nos têtes. On pensa alors qu'ils devaient utiliser le clocher de l'église comme poste d'observation. Alors que cela nous paraissait désormais évident, notre commandant reçut, d'une manière ou d'une autre, un message provenant d'un chef de char débarqué et demandant si nous pouvions les aider en transmettant une demande d'appui naval aux navires : il devaient détruire le clocher de Vierville. Je fus chargé de transmettre le message et fis signe au bâtiment le plus proche, qui était le destroyer Harding, afin de le lui transmettre. Cela pris quelques temps avant que le commandement approuve la demande mais dès que l'accord fut obtenu, nous vîmes les canons se diriger vers ce fameux clocher, et un tonnerre de feu s'abattit sur celui-ci. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le clocher avait été pulvérisé. Peu après nous constatâmes que le tir des canons allemands était devenu très irrégulier et désordonné : ils n'avaient plus la même précision que quelques instants auparavant seulement... Nous apprîmes par la suite que le bombardement de l'église avait causé des pertes américaines. Il semble que des éléments aient pénétré à l'intérieur des terres et atteint la zone, commençant à tirer sur le clocher. Tandis que la nuit tombait, il devint évident que nos troupes terrestres avaient suffisamment infiltré les terres pour sécuriser la plage.
Ce témoignage a été écrit par Albert J. Berard, Signalman 3rd Class sur le LCT 538.
Il était environ 5h du matin lorsque nous approchâmes de la zone de rassemblement des LCT, qui devaient y former des colonnes avant de débarquer. Vers 5h30, je reçus l'ordre du capitaine de hisser certains pavillons qui indiquaient aux barges de s'aligner puis de se diriger vers leurs secteurs de débarquement respectifs.
Le LCT numéro 538, commandé par le LT JG Hamilton Adams était le premier d'une colonne de huit LCT, numérotés de 538 à 545. Les péniches 538, 539, 540, 541 et 542 devaient accoster sur Easy Red et les trois autres -le 543, le 544 et le 545, je crois- devaient faire débarquer leurs troupes sur Fox Green. Nous devions tous arriver sur la plage vers l'heure H, qui était 6h ou 6h30. Le tir des canons et des mitrailleuses en provenance de la côte était si intense qu'il fut très difficile d'accoster convenablement afin de permettre aux troupes de quitter l'embarcation.
La rampe fut abaissée mais aussitôt relevée car nous dûmes faire demi-tour sans avoir pu débarquer un seul véhicule. Durant les quelques instants passés sur le secteur de débarquement nous fûmes touchés par plusieurs coups de 88, qui, associés au tir des mitrailleuses, causèrent la perte de plusieurs membres d'équipage. Pour ajouter à notre malheur, le courant nous dévia vers un obstacle surmonté d'une mine. L'explosion endommagea deux ou trois compartiments étanches au fond du bateau et les compartiments inondés nous obligèrent à rester loin du bord tandis que l'eau montait. Nous réussîmes finalement à quitter le secteur, à la recherche d'une autre plage où débarquer. Avec ces compartiments inondés, nous ne pouvions plus approcher assez près de la plage pour débarquer les véhicules en sécurité.
Nous finîmes par atteindre une plage afin de débarquer les hommes et les véhicules, mais nous ne pûmes approcher suffisamment pour leur permettre de débarquer directement et la plupart des véhicules ne purent atteindre la plage. Ils coulèrent avant d'avoir touché terre.
Lorsque nous débarquâmes la première fois, c'était un véritable chaos, des corps flottant tout autour de nous tandis que d'autres volaient en morceaux dans les airs. Le LCT 539, commandé par le LT JG Linwood Rideout, s'apprêtait à débarquer ses troupes à notre gauche et leur premier contact avec la plage n'était pas meilleur que le nôtre… Eux aussi souffrirent, touchés par des coups directs de 88, et perdirent des hommes. Le 539 dut lui aussi faire demi-tour et chercher un autre endroit pour débarquer. Le LCT 540 commandé par le LT JG Frederick Nye Moses heurta le sable et reçu NEUF coups directs de 88, tuant le capitaine en action ainsi que plusieurs membres d'équipage.
Peu après notre seconde tentative de débarquement, les mécaniciens purent réparer nos avaries et nous fûmes en mesure de manoeuvrer convenablement notre embarcation. Nous étions maintenant à même de reprendre notre mission qui consistait à aller chercher des troupes supplémentaires sur les Liberty Ships ancrés au large... Ce manège devait durer jusqu'à la tombée de la nuit.
S'il y a quelque chose dont je me souviendrai toujours, c'est cet horrible sifflement des obus allemands de 88 passant au-dessus de nos têtes. Croyez-moi, il y avait un effroyable vacarme. A ce moment-là, le bombardement avait cessé à cause de nos troupes sur la plage. C'était un véritable tir de barrage que celui auquel nous faisions face tout autant que celui provenant de nos navires... le secteur Easy Red d'Omaha était directement menacé par l'artillerie côtière. Les Allemands nous visaient avec une grande précision, tant et si bien qu'on eût crû qu'ils étaient juste au-dessus de nos têtes. On pensa alors qu'ils devaient utiliser le clocher de l'église comme poste d'observation. Alors que cela nous paraissait désormais évident, notre commandant reçut, d'une manière ou d'une autre, un message provenant d'un chef de char débarqué et demandant si nous pouvions les aider en transmettant une demande d'appui naval aux navires : il devaient détruire le clocher de Vierville. Je fus chargé de transmettre le message et fis signe au bâtiment le plus proche, qui était le destroyer Harding, afin de le lui transmettre. Cela pris quelques temps avant que le commandement approuve la demande mais dès que l'accord fut obtenu, nous vîmes les canons se diriger vers ce fameux clocher, et un tonnerre de feu s'abattit sur celui-ci. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le clocher avait été pulvérisé. Peu après nous constatâmes que le tir des canons allemands était devenu très irrégulier et désordonné : ils n'avaient plus la même précision que quelques instants auparavant seulement... Nous apprîmes par la suite que le bombardement de l'église avait causé des pertes américaines. Il semble que des éléments aient pénétré à l'intérieur des terres et atteint la zone, commençant à tirer sur le clocher. Tandis que la nuit tombait, il devint évident que nos troupes terrestres avaient suffisamment infiltré les terres pour sécuriser la plage.
Ce témoignage a été écrit par Albert J. Berard, Signalman 3rd Class sur le LCT 538.
Dernière édition par La Jeanne le Mar 31 Jan 2017 - 20:27, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Ils étaient à Omaha
Témoignage de James Roland Argo pharmacist made 1st class for LCI 489 :
J'ai 79 ans, et pendant des années j'ai tenté d'oublier la douleur et les souffrances dont j'ai été témoin pendant la 2ème Guerre Mondiale, en particulier les 6 et 7 juin 1944. Toutefois, avec le grand âge, je suppose que je deviens nostalgique. Quand j'ai lu le récit de Karl Bischoff, je me suis décidé à vous raconter mes souvenirs des 6 et 7 juin 1944, à bord du LCI(L) 489 à Omaha Beach. J'espère que mon récit pourra répondre à des questions que d'autres se posent au sujet de leurs êtres chers.
Contexte:
Tout d'abord, j'aimerais vous exposer mon contexte personnel. Je suis né à Gadsden, Alabama, où j'ai passé ma jeunesse. Pour m'engager dans la National Guard d'Alabama,. j'ai du dissimuler que je n'avais que 17 ans. J'ai cantonné à Guntersville, Alabama, Jacksonville, Florida, et Camp Beauregard, Louisiana. Quand nous avons été incorporés dans l'Armée Fédérale, en 1940, tous ceux qui avaient déclaré 1 âge inexact ont été démobilisés et renvoyés dans leurs foyers. Mais à ce moment, j'avais déjà 19 ans, et j'étais donc en age de m'engager. Avec mon cousin Joseph R. Erwin, je me suis inscrit dans la Naval Réserve. Ma 1ère affectation était à Balboa Park, San Diego, où j'ai fréquente le Hospital Corps School. J'ai été diplômé en tant que Pharmacist Mate le 21 mai 1942. Ensuite, j'ai été affecté au US Naval Hospital à Pensacola, Florida, puis au TTSA (Transition Training Squadron, Atlantic Fleet) à Norfolk, Virginia. J'étais dans les 12 premiers hommes destinés à former le U.S. Naval Amphibious Training Station, à Solomon's Island, Maryland. J'étais réellement l'un des 12 premiers. Quand je suis arrivé sur place, j'ai d'abord cru que c'était une blague. Il n'y avait aucune installation, ni personne d'autre que moi. J'ai dormi dans mon hamac. Au matin, il y avait de nouveaux arrivants et je me suis rendu compte que ce n'était pas une blague. Parmi les autres Pharmacist Mates il y avait Charlie Sanders, Nils Snelling, Hornsby, Roscoe Brannon, George Van Amburg, Gunn, mon cousin Joe Erwin, et un certain Phillip dont j'ai oublié le nom de famille. Avec 11 autres Phamacist Mates, j'ai suivi à Portsmouth, Virginia un entraînement intensif sur les blessures de guerre. Cet entraînement était parfaitement ciblé. Au moment même, nous ne savions pas que c'était une préparation pour D-Day. Cela, je ne l'ai appris que par la suite. Sur les petits vaisseaux comme les LCI, les Pharmacist Mates jouaient le rôle de médecins. En 1942, notre groupe de Pharmacist Mates a traversé l'Atlantique en convoi, à bord des LCI immatriculés 487 à 492. Le mien était le LCI(L) 489. Avant de quitter Norfolk, nous avons fait escale à Little Creek pour charger des fournitures médicales. Roscoe Bannon est arrivé plus tard, sur le LST 505, qui servait de navire d'évacuation médicale. La plupart des mémos qui m'étaient destinés provenaient du Lieutenant Commandant-Médecin J. Zoole, U.S.P.H.S.
LCI(L) 489 :
J'étais affecté au LCI(L) 489 en temps que Pharmacist Mate 1st class. J'étais le "toubib" de bord. La Navy nous avait bien préparés à la guerre. Comme Pharmacist Mate, j'ai reçu une formation polyvalente sur les soins aux blessures, le traitement du choc, l'extraction des balles et des shrapnel, la contention des fractures, le contrôle des hémorragies, le traitement du trauma, les sutures, le traitement des maladies infectieuse, les pansements, les 1ers soins en cas de guerre chimique etc… A bord, tout le monde devait être immunisé. J'administrais les vaccinations contre le typhus tous les 6 mois, contre la typhoïde tous les 12 mois, les rappels antitétaniques quand nécessaire, contre la fièvre jaune tous les 2 ans, et contre la variole tous les 6 mois. A bord, j'étais aussi le représentant pour la guerre chimique, et pour le Prêt-Bail. Je rédigeais les déclarations de maladies transmissibles, et les états sanitaires. L'officier qui nous commandait était le Lieutenant-Réserviste H.H. Montgomery. De mémoire, l'équipage de notre LCI était de 4 officiers et 25-28 matelots. Vers mai 1944, nous avons embarqué 2 hommes supplémentaires du service de santé. C'étaient Burton H. Hockel, PhM1/C NR, et Harold Alvin Kadle, Hospital Apprentice 2/C. J'ai installé ces 2 hommes dans l infirmerie, avec pour tache d'administrer les IV et les perfusions de plasma. Environs 2 semaines avant l'Invasion de la Normandie, par précaution notre LCI fut mis en quarantaine.
Ce que je me rappelle est que notre LCI et 5 autres, parmi des LST et des LCM, abordèrent Omaha Beach au lever du jour, le 6 juin 1944. En réalité, notre LCI n'a pas atteint la plage proprement dite, qui était l'objectif de tous les LCI. Nous avons heurté un obstacle submergé, et nous n'avons pas pu monter sur la plage. Chuck Phillips doit en savoir plus. D'ailleurs il y avait un banc de sable, et nous n'aurions de toute manière pas pu aller jusqu'à la plage. Je me trouvais sur la passerelle de commandement, avec le Lieutenant. Montgomery, et Neikerk et Wilson. Il y avait encore quelqu'un mais je ne sais plus qui. Le Lieutenant Montgomery repérait les cibles sur lesquelles il voulait orienter nos tirs. Soudain c'était l'enfer. Montgomery a crié "Quittez la passerelle" et nous l'avons dégagé aussitôt. Les bunkers Allemands qui étaient censés avoir été écrasés par les bombardements aériens ne l'étaient pas. On nous tirait dessus de partout. Pour aggraver la situation, la mer était très agitée. Nous avons transporté des hommes de la 1ère Division (The Big Red One) vers Omaha Beach le 6 juin 1944.
Des pieux, des poutres et des barbelés étaient attachés à des mines. Une des premières visions dont je me souviens est celle de deux morts accrochés à ces obstacles, dans les eaux peu profondes. J'ai appris plus tard que ces hommes avaient été envoyés pour dégager et baliser les chenaux, pour nous et pour d'autres péniches de débarquement. Les combats sur la plage étaient le plus effroyables pendant les 5-6 premières heures. Ils se sont un peu atténués à un moment qui me semblait être proche de l'heure du déjeuner, mais la canonnade a encore continué pendant deux jours. Vous auriez du voir mon casque. Je regrette de ne pas l'avoir gardé pour mes petits enfants. On m'avait dit que les Allemands ne viseraient pas directement les hommes portant un casque avec la croix rouge. Après quelques heures de bataille, j'ai retiré mon casque parce que j'étais convaincu que c'est cette croix rouge qu'ils prenaient pour cible. Je suppose que les Allemands considéraient que pour chaque brancardier qu'ils éliminaient, il y aurait plus de pertes. Des brancardiers morts ne sauvent pas de vies. Pendant l'invasion même, l'infirmerie s'est agrandie, et occupait la cantine et le pont. Mes compagnons du LCI ont eu de la chance. Aucun d'entre nous n'a été blessé. La cantine et le pont étaient encombrés d'hommes de la Big Red One que notre LCI avait transportés, et de soldats qui étaient arrivés à bord d'autres péniches, à côté de nous. L'homme qui a amarré la ligne de sauvetage du récit de Karl Bischoff est le matelot Travis Wilton Allen (Al), seaman 2/c NR. Al. Allen m'a amené des blessés toute la journée, les 6 et 7 juin. Il n'a jamais arrêté, malgré une blessure au genou. Je crois qu'une balle l'a atteint superficiellement à hauteur du genou. C'était un jeune homme de qualité. Pendant ces 2 journées, il a probablement sauvé plus de vies que l'on peut compter, littéralement des centaines et des centaines. Je ne comprends pas où il puisait la résistance de continuer de ramener ces blessés de la plage au LCI. Moi je rafistolais ces hommes du mieux que je pouvais, et je faisais transporter les blessés vraiment sérieux vers un navire hôpital. Quand Allen ne pouvait ramener les blessés, c'est moi qui allais auprès d'eux sur la plage. C'était tellement bruyant, avec les bombardements, la fusillade, et les obus de mortier. Je criais "Attention derrière toi, Allen", et Allen criait, "Couché, Toubib". On veillait l'un sur l'autre. Aujourd'hui ça semble un miracle que pendant D-Day nous n'avons perdu un seul membre de l'équipage de notre LCI. A certains moments les tirs étaient tellement denses qu'il paraissait impossible que quiconque d'entre nous survive. Une fois l'après midi de 7 juin, les bateaux hors service ou qui ne pouvaient être réparés avaient été coulés à distance de la plage pour former une sorte de brise-lames abritant un port de fortune. Des bateaux moins endommagés avaient pu être amarrés au long des bateaux coulés. Ceci réduisait un peu les vagues, et nous facilitait un peu le travail.
Je me rappelle quand nous avons participé au sauvetage des hommes du Susan B. Anthony. Au moment où les vagues passaient, notre bateau s'élevait, les hommes du Susan B. Anthony devaient calculer au plus juste le moment de sauter. Je me rappelle un jeune homme, qui ne se décidait pas à sauter. Il a finalement essayé, mais ses deux jambes ont été écrasées. Malgré cela il est parvenu a s'agripper au Anthony. J'ai grimpé aux filets de cargo et je l'ai hissé sur mes épaules. Je l'ai porté à bord de notre LCI et je l'ai soigné avant de le faire transférer vers un navire-hôpital. Je n'ai pas entendu son nom.. Au cours des années, je me suis demandé s'il a pu retourner chez lui sain et sauf. A cette époque, j'avais 23 ans, et de fait je les avais eu le 7 juin 1944, le jour où le Anthony a heurté une mine. Aujourd'hui, vingt-trois ans, ça paraît jeune, mais à ce moment, j'étais un des plus vieux à bord, et ces gars de 18 ans semblaient terriblement jeunes pour combattre. J'avais vraiment mal au coeur pour eux.
A peu près 2 jours après le D-Day, un groupe d'hommes de notre LCI est parti sur la plage. J'ai soigné des blessés de Omaha et de Utah Beach. Je crois que c'est sur un LST que Ernie Pyle, un correspondant de guerre, est arrivé. Je pense nous étions en réalité sur Utah Beach quand nous avons rencontré Ernie. Nous lui avons parlé de ce que nous avions vu. Nous étions en train de désamorcer des bombes Allemandes non explosées, et nous recherchions des survivants. A ce moment les combats s'étaient déplacés de quelques miles vers l'intérieur des terres. Mais nous encaissions encore de loin en loin des obus isolés. A partir du 3ème jour, j'ai eu l'autorisation de donner 2 onces d'eau-de-vie à chaque homme. C'était prescrit pour les aider à calmer leurs nerfs. En temps de guerre c'était une pratique courante.
Quelques semaines après D-Day, nous avons pu obtenir l'autorisation de faire des voyages de détente. John Spompanato, 4 autres gars et moi sommes allés à Cherbourg, puis à Brest, en France, qui était assiégé par l' U.S. Army. De Brest nous sommes allés sur une île où nous avons visité une abbaye qui s'appelle Mont-Saint Michel. Après D-Day, LCI 489 a fait de nombreuses traversées de la Manche, pour transporter des troupes et des approvisionnements. Je ne faisais pas partie de tous ces déplacements. Je soignais les blessés dans les dispensaires de l'arrière, Portland, Falmouth, Cornwall; Dartmouth, en Angleterre etc., et des infirmeries navales, ou ailleurs. Mon souvenir de cette époque est imprécis.
James Roland Argo. (Novembre 2000)
Ces mémoires sont publiées avec l'autorisation de Lee Rawlinson, fille de James R. Argo, qui me les a communiquées.
Postface : C'est mon Papa, James Argo, qui a écrit ce récit. Il a revu 2 de ses camarades, Karl Bischoff et Chuck Phillips, en Novembre 2000. A l'époque où ils correspondaient par e-mail, par courrier postal et par téléphone, il était atteint du cancer du poumon. Il est mort le 8 décembre 2000. Pour mon Papa, cela semble avoir été une ultime mission de LCI 489. Toutes ses vieilles angoisses de la guerre se sont effacées, et ces retrouvailles ont apporté à mon Papa un sentiment d'apaisement
Les vieux mémos de mon Papa étaient recto-verso. Un côté était adressé aux Pharmacist Mates LCI (L) Flotilla Ten, et étaient signés par J. Zoole. L'envers était adressé au Staff Medical Officer, Commander, Landing Craft and Bases, Eleventh Amphibious Force Fleet. Pourtant LCI(L) 489 ne figure pas dans la liste officielle des LCI(L) de Flotilla Ten, qui étaient sous commandement du Coast Guard, de sorte qu'à mon avis, LCI 489 était "rattaché" à la Flotilla Ten. Je sais que mon Papa m'avait dit qu'ils étaient rattachés à une Coast Guard Flotilla.
Selon mes recherches, LCI(L) 489 faisait partie de la Eleventh Amphibious Force, sous le commandement de l'Amiral John L. Hall, qui était à la tête de des Forces Amphibies US embarquées. L'Amiral Wilkes commandait les bases, l'entretient et l'approvisionnement des forces en mer. L'Amiral Hall et l'Amiral Wilkes étaient faisaient partie de la Twelfth Fleet, et étaient sous les ordres de l'Amiral Stark. Toutefois, c'est l'Amiral King qui dirigeait le groupement de contrôle des opérations et de l'entraînement pour l'assaut dans la Manche. Ce groupement est devenu le Task Force 122, commandé par le Vice Amiral Alan G. Kirk.
Il n'y a aucun doute qu'il faisait partie d'une génération incomparable. Je rends hommage à mon Papa, et aux nombreux autres qui ont combattu pour notre liberté, dégagé les champs de mines, dirigé des embarcations, rafistolé les blessés, nettoyé pompes de cale, signalé par radio, tiré, et perdu la vie. Vos rôles étaient tous importants, et c'est pourquoi aujourd'hui nous avons notre liberté.
Lee Rawlinson, fille de Mr. Argo.
J'ai 79 ans, et pendant des années j'ai tenté d'oublier la douleur et les souffrances dont j'ai été témoin pendant la 2ème Guerre Mondiale, en particulier les 6 et 7 juin 1944. Toutefois, avec le grand âge, je suppose que je deviens nostalgique. Quand j'ai lu le récit de Karl Bischoff, je me suis décidé à vous raconter mes souvenirs des 6 et 7 juin 1944, à bord du LCI(L) 489 à Omaha Beach. J'espère que mon récit pourra répondre à des questions que d'autres se posent au sujet de leurs êtres chers.
Contexte:
Tout d'abord, j'aimerais vous exposer mon contexte personnel. Je suis né à Gadsden, Alabama, où j'ai passé ma jeunesse. Pour m'engager dans la National Guard d'Alabama,. j'ai du dissimuler que je n'avais que 17 ans. J'ai cantonné à Guntersville, Alabama, Jacksonville, Florida, et Camp Beauregard, Louisiana. Quand nous avons été incorporés dans l'Armée Fédérale, en 1940, tous ceux qui avaient déclaré 1 âge inexact ont été démobilisés et renvoyés dans leurs foyers. Mais à ce moment, j'avais déjà 19 ans, et j'étais donc en age de m'engager. Avec mon cousin Joseph R. Erwin, je me suis inscrit dans la Naval Réserve. Ma 1ère affectation était à Balboa Park, San Diego, où j'ai fréquente le Hospital Corps School. J'ai été diplômé en tant que Pharmacist Mate le 21 mai 1942. Ensuite, j'ai été affecté au US Naval Hospital à Pensacola, Florida, puis au TTSA (Transition Training Squadron, Atlantic Fleet) à Norfolk, Virginia. J'étais dans les 12 premiers hommes destinés à former le U.S. Naval Amphibious Training Station, à Solomon's Island, Maryland. J'étais réellement l'un des 12 premiers. Quand je suis arrivé sur place, j'ai d'abord cru que c'était une blague. Il n'y avait aucune installation, ni personne d'autre que moi. J'ai dormi dans mon hamac. Au matin, il y avait de nouveaux arrivants et je me suis rendu compte que ce n'était pas une blague. Parmi les autres Pharmacist Mates il y avait Charlie Sanders, Nils Snelling, Hornsby, Roscoe Brannon, George Van Amburg, Gunn, mon cousin Joe Erwin, et un certain Phillip dont j'ai oublié le nom de famille. Avec 11 autres Phamacist Mates, j'ai suivi à Portsmouth, Virginia un entraînement intensif sur les blessures de guerre. Cet entraînement était parfaitement ciblé. Au moment même, nous ne savions pas que c'était une préparation pour D-Day. Cela, je ne l'ai appris que par la suite. Sur les petits vaisseaux comme les LCI, les Pharmacist Mates jouaient le rôle de médecins. En 1942, notre groupe de Pharmacist Mates a traversé l'Atlantique en convoi, à bord des LCI immatriculés 487 à 492. Le mien était le LCI(L) 489. Avant de quitter Norfolk, nous avons fait escale à Little Creek pour charger des fournitures médicales. Roscoe Bannon est arrivé plus tard, sur le LST 505, qui servait de navire d'évacuation médicale. La plupart des mémos qui m'étaient destinés provenaient du Lieutenant Commandant-Médecin J. Zoole, U.S.P.H.S.
LCI(L) 489 :
J'étais affecté au LCI(L) 489 en temps que Pharmacist Mate 1st class. J'étais le "toubib" de bord. La Navy nous avait bien préparés à la guerre. Comme Pharmacist Mate, j'ai reçu une formation polyvalente sur les soins aux blessures, le traitement du choc, l'extraction des balles et des shrapnel, la contention des fractures, le contrôle des hémorragies, le traitement du trauma, les sutures, le traitement des maladies infectieuse, les pansements, les 1ers soins en cas de guerre chimique etc… A bord, tout le monde devait être immunisé. J'administrais les vaccinations contre le typhus tous les 6 mois, contre la typhoïde tous les 12 mois, les rappels antitétaniques quand nécessaire, contre la fièvre jaune tous les 2 ans, et contre la variole tous les 6 mois. A bord, j'étais aussi le représentant pour la guerre chimique, et pour le Prêt-Bail. Je rédigeais les déclarations de maladies transmissibles, et les états sanitaires. L'officier qui nous commandait était le Lieutenant-Réserviste H.H. Montgomery. De mémoire, l'équipage de notre LCI était de 4 officiers et 25-28 matelots. Vers mai 1944, nous avons embarqué 2 hommes supplémentaires du service de santé. C'étaient Burton H. Hockel, PhM1/C NR, et Harold Alvin Kadle, Hospital Apprentice 2/C. J'ai installé ces 2 hommes dans l infirmerie, avec pour tache d'administrer les IV et les perfusions de plasma. Environs 2 semaines avant l'Invasion de la Normandie, par précaution notre LCI fut mis en quarantaine.
Ce que je me rappelle est que notre LCI et 5 autres, parmi des LST et des LCM, abordèrent Omaha Beach au lever du jour, le 6 juin 1944. En réalité, notre LCI n'a pas atteint la plage proprement dite, qui était l'objectif de tous les LCI. Nous avons heurté un obstacle submergé, et nous n'avons pas pu monter sur la plage. Chuck Phillips doit en savoir plus. D'ailleurs il y avait un banc de sable, et nous n'aurions de toute manière pas pu aller jusqu'à la plage. Je me trouvais sur la passerelle de commandement, avec le Lieutenant. Montgomery, et Neikerk et Wilson. Il y avait encore quelqu'un mais je ne sais plus qui. Le Lieutenant Montgomery repérait les cibles sur lesquelles il voulait orienter nos tirs. Soudain c'était l'enfer. Montgomery a crié "Quittez la passerelle" et nous l'avons dégagé aussitôt. Les bunkers Allemands qui étaient censés avoir été écrasés par les bombardements aériens ne l'étaient pas. On nous tirait dessus de partout. Pour aggraver la situation, la mer était très agitée. Nous avons transporté des hommes de la 1ère Division (The Big Red One) vers Omaha Beach le 6 juin 1944.
Des pieux, des poutres et des barbelés étaient attachés à des mines. Une des premières visions dont je me souviens est celle de deux morts accrochés à ces obstacles, dans les eaux peu profondes. J'ai appris plus tard que ces hommes avaient été envoyés pour dégager et baliser les chenaux, pour nous et pour d'autres péniches de débarquement. Les combats sur la plage étaient le plus effroyables pendant les 5-6 premières heures. Ils se sont un peu atténués à un moment qui me semblait être proche de l'heure du déjeuner, mais la canonnade a encore continué pendant deux jours. Vous auriez du voir mon casque. Je regrette de ne pas l'avoir gardé pour mes petits enfants. On m'avait dit que les Allemands ne viseraient pas directement les hommes portant un casque avec la croix rouge. Après quelques heures de bataille, j'ai retiré mon casque parce que j'étais convaincu que c'est cette croix rouge qu'ils prenaient pour cible. Je suppose que les Allemands considéraient que pour chaque brancardier qu'ils éliminaient, il y aurait plus de pertes. Des brancardiers morts ne sauvent pas de vies. Pendant l'invasion même, l'infirmerie s'est agrandie, et occupait la cantine et le pont. Mes compagnons du LCI ont eu de la chance. Aucun d'entre nous n'a été blessé. La cantine et le pont étaient encombrés d'hommes de la Big Red One que notre LCI avait transportés, et de soldats qui étaient arrivés à bord d'autres péniches, à côté de nous. L'homme qui a amarré la ligne de sauvetage du récit de Karl Bischoff est le matelot Travis Wilton Allen (Al), seaman 2/c NR. Al. Allen m'a amené des blessés toute la journée, les 6 et 7 juin. Il n'a jamais arrêté, malgré une blessure au genou. Je crois qu'une balle l'a atteint superficiellement à hauteur du genou. C'était un jeune homme de qualité. Pendant ces 2 journées, il a probablement sauvé plus de vies que l'on peut compter, littéralement des centaines et des centaines. Je ne comprends pas où il puisait la résistance de continuer de ramener ces blessés de la plage au LCI. Moi je rafistolais ces hommes du mieux que je pouvais, et je faisais transporter les blessés vraiment sérieux vers un navire hôpital. Quand Allen ne pouvait ramener les blessés, c'est moi qui allais auprès d'eux sur la plage. C'était tellement bruyant, avec les bombardements, la fusillade, et les obus de mortier. Je criais "Attention derrière toi, Allen", et Allen criait, "Couché, Toubib". On veillait l'un sur l'autre. Aujourd'hui ça semble un miracle que pendant D-Day nous n'avons perdu un seul membre de l'équipage de notre LCI. A certains moments les tirs étaient tellement denses qu'il paraissait impossible que quiconque d'entre nous survive. Une fois l'après midi de 7 juin, les bateaux hors service ou qui ne pouvaient être réparés avaient été coulés à distance de la plage pour former une sorte de brise-lames abritant un port de fortune. Des bateaux moins endommagés avaient pu être amarrés au long des bateaux coulés. Ceci réduisait un peu les vagues, et nous facilitait un peu le travail.
Je me rappelle quand nous avons participé au sauvetage des hommes du Susan B. Anthony. Au moment où les vagues passaient, notre bateau s'élevait, les hommes du Susan B. Anthony devaient calculer au plus juste le moment de sauter. Je me rappelle un jeune homme, qui ne se décidait pas à sauter. Il a finalement essayé, mais ses deux jambes ont été écrasées. Malgré cela il est parvenu a s'agripper au Anthony. J'ai grimpé aux filets de cargo et je l'ai hissé sur mes épaules. Je l'ai porté à bord de notre LCI et je l'ai soigné avant de le faire transférer vers un navire-hôpital. Je n'ai pas entendu son nom.. Au cours des années, je me suis demandé s'il a pu retourner chez lui sain et sauf. A cette époque, j'avais 23 ans, et de fait je les avais eu le 7 juin 1944, le jour où le Anthony a heurté une mine. Aujourd'hui, vingt-trois ans, ça paraît jeune, mais à ce moment, j'étais un des plus vieux à bord, et ces gars de 18 ans semblaient terriblement jeunes pour combattre. J'avais vraiment mal au coeur pour eux.
A peu près 2 jours après le D-Day, un groupe d'hommes de notre LCI est parti sur la plage. J'ai soigné des blessés de Omaha et de Utah Beach. Je crois que c'est sur un LST que Ernie Pyle, un correspondant de guerre, est arrivé. Je pense nous étions en réalité sur Utah Beach quand nous avons rencontré Ernie. Nous lui avons parlé de ce que nous avions vu. Nous étions en train de désamorcer des bombes Allemandes non explosées, et nous recherchions des survivants. A ce moment les combats s'étaient déplacés de quelques miles vers l'intérieur des terres. Mais nous encaissions encore de loin en loin des obus isolés. A partir du 3ème jour, j'ai eu l'autorisation de donner 2 onces d'eau-de-vie à chaque homme. C'était prescrit pour les aider à calmer leurs nerfs. En temps de guerre c'était une pratique courante.
Quelques semaines après D-Day, nous avons pu obtenir l'autorisation de faire des voyages de détente. John Spompanato, 4 autres gars et moi sommes allés à Cherbourg, puis à Brest, en France, qui était assiégé par l' U.S. Army. De Brest nous sommes allés sur une île où nous avons visité une abbaye qui s'appelle Mont-Saint Michel. Après D-Day, LCI 489 a fait de nombreuses traversées de la Manche, pour transporter des troupes et des approvisionnements. Je ne faisais pas partie de tous ces déplacements. Je soignais les blessés dans les dispensaires de l'arrière, Portland, Falmouth, Cornwall; Dartmouth, en Angleterre etc., et des infirmeries navales, ou ailleurs. Mon souvenir de cette époque est imprécis.
James Roland Argo. (Novembre 2000)
Ces mémoires sont publiées avec l'autorisation de Lee Rawlinson, fille de James R. Argo, qui me les a communiquées.
Postface : C'est mon Papa, James Argo, qui a écrit ce récit. Il a revu 2 de ses camarades, Karl Bischoff et Chuck Phillips, en Novembre 2000. A l'époque où ils correspondaient par e-mail, par courrier postal et par téléphone, il était atteint du cancer du poumon. Il est mort le 8 décembre 2000. Pour mon Papa, cela semble avoir été une ultime mission de LCI 489. Toutes ses vieilles angoisses de la guerre se sont effacées, et ces retrouvailles ont apporté à mon Papa un sentiment d'apaisement
Les vieux mémos de mon Papa étaient recto-verso. Un côté était adressé aux Pharmacist Mates LCI (L) Flotilla Ten, et étaient signés par J. Zoole. L'envers était adressé au Staff Medical Officer, Commander, Landing Craft and Bases, Eleventh Amphibious Force Fleet. Pourtant LCI(L) 489 ne figure pas dans la liste officielle des LCI(L) de Flotilla Ten, qui étaient sous commandement du Coast Guard, de sorte qu'à mon avis, LCI 489 était "rattaché" à la Flotilla Ten. Je sais que mon Papa m'avait dit qu'ils étaient rattachés à une Coast Guard Flotilla.
Selon mes recherches, LCI(L) 489 faisait partie de la Eleventh Amphibious Force, sous le commandement de l'Amiral John L. Hall, qui était à la tête de des Forces Amphibies US embarquées. L'Amiral Wilkes commandait les bases, l'entretient et l'approvisionnement des forces en mer. L'Amiral Hall et l'Amiral Wilkes étaient faisaient partie de la Twelfth Fleet, et étaient sous les ordres de l'Amiral Stark. Toutefois, c'est l'Amiral King qui dirigeait le groupement de contrôle des opérations et de l'entraînement pour l'assaut dans la Manche. Ce groupement est devenu le Task Force 122, commandé par le Vice Amiral Alan G. Kirk.
Il n'y a aucun doute qu'il faisait partie d'une génération incomparable. Je rends hommage à mon Papa, et aux nombreux autres qui ont combattu pour notre liberté, dégagé les champs de mines, dirigé des embarcations, rafistolé les blessés, nettoyé pompes de cale, signalé par radio, tiré, et perdu la vie. Vos rôles étaient tous importants, et c'est pourquoi aujourd'hui nous avons notre liberté.
Lee Rawlinson, fille de Mr. Argo.
Dernière édition par La Jeanne le Mar 31 Jan 2017 - 20:28, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Ils étaient à Omaha
Témoignage de James Branch, 1st Bn, 38th Infantry Regiment, 2nd Division.
Nous embarquâmes dans un bateau danois à Swansea, Pays de Galles, le 5 Juin et naviguâmes le long de la côte anglaise puis à travers la Manche le 6 Juin 1944. Arrivant à Omaha Beach dans l'après midi, nous restâmes à bord du bateau durant la nuit du 6 et nous fûmes bombardés pendant ce temps là.
Je débarquai le 7, des trois régiments composant la seconde division d'infanterie, les 9th et 38th furent les premiers à débarquer. A ce moment là, tout ce qui pouvait flotter étaient en train de flotter dans le ressac: masques à gaz, sac à dos, matériel médical, cadavres, des morceaux de corps, des pneus de rechange et une multitude d'autres choses. Nous subissions un feu d'artillerie important provenant des batteries côtières qui n'avaient pas encore été détruites.
Le ressac était rude et le landing craft tanguait follement ce qui fit que le navigateur eut des difficultés à le mener à l'endroit désigné. Notre embarcation heurta un banc de sable quelques 45m plus loin et pensant que nous avions atteint la plage ils abaissèrent la rampe et j'ai voulu être le premier à sortir; à bord la rumeur voulait que les mitrailleurs allemands ne s'occuperaient pas du landing craft jusqu'à ce que la rampe ne s'abaisse puis ils essaieraient de mitrailler l'intérieur de celui-ci. On nous dit même qu'à une occasion ils réussirent à tuer 99 hommes d'une embarcation sur 100. Je m'étais mis en position à l'avant du bateau et quand la rampe s'abaissa, je sortis par le côté en rentrant ma tête, tenant mon fusil et mes munitions en l'air. Me redressant finalement, je pus relever la tête en pataugeant dans l'eau.
Pendant les deux premières heures ce fût le chaos total et la confusion. Atteignant enfin notre point de ralliement le 7 Juin, nous relevâmes des unités de la 1st Infantry Division au nord de Trévières. Notre premier baptême de feu arriva le 9 Juin lorsque l'on nous ordonna d'attaquer vers midi. Nous rencontrâmes une résistance opiniâtre autour de Trévières. Nous attaquâmes sans nos armes lourdes comme elles étaient sur le point de débarquer. Nous traversâmes l'Aure. Après avoir pris Trévières maison par maison nous bougeâmes pour prendre Cerisy. Puis nous capturâmes un carrefour coupant la nationale allant de St Lô à Bayeux, et une de nos compagnies prit le village de Vaucrevon. Durant nos deux premiers jours de combat nous progressâmes de 17km, ce qui n'est pas mal pour un régiment d'infanterie subissant son baptême de feu sans armes lourdes. Notre but était St Lô via la colline 192, qui est une autre histoire en elle-même.
Nous embarquâmes dans un bateau danois à Swansea, Pays de Galles, le 5 Juin et naviguâmes le long de la côte anglaise puis à travers la Manche le 6 Juin 1944. Arrivant à Omaha Beach dans l'après midi, nous restâmes à bord du bateau durant la nuit du 6 et nous fûmes bombardés pendant ce temps là.
Je débarquai le 7, des trois régiments composant la seconde division d'infanterie, les 9th et 38th furent les premiers à débarquer. A ce moment là, tout ce qui pouvait flotter étaient en train de flotter dans le ressac: masques à gaz, sac à dos, matériel médical, cadavres, des morceaux de corps, des pneus de rechange et une multitude d'autres choses. Nous subissions un feu d'artillerie important provenant des batteries côtières qui n'avaient pas encore été détruites.
Le ressac était rude et le landing craft tanguait follement ce qui fit que le navigateur eut des difficultés à le mener à l'endroit désigné. Notre embarcation heurta un banc de sable quelques 45m plus loin et pensant que nous avions atteint la plage ils abaissèrent la rampe et j'ai voulu être le premier à sortir; à bord la rumeur voulait que les mitrailleurs allemands ne s'occuperaient pas du landing craft jusqu'à ce que la rampe ne s'abaisse puis ils essaieraient de mitrailler l'intérieur de celui-ci. On nous dit même qu'à une occasion ils réussirent à tuer 99 hommes d'une embarcation sur 100. Je m'étais mis en position à l'avant du bateau et quand la rampe s'abaissa, je sortis par le côté en rentrant ma tête, tenant mon fusil et mes munitions en l'air. Me redressant finalement, je pus relever la tête en pataugeant dans l'eau.
Pendant les deux premières heures ce fût le chaos total et la confusion. Atteignant enfin notre point de ralliement le 7 Juin, nous relevâmes des unités de la 1st Infantry Division au nord de Trévières. Notre premier baptême de feu arriva le 9 Juin lorsque l'on nous ordonna d'attaquer vers midi. Nous rencontrâmes une résistance opiniâtre autour de Trévières. Nous attaquâmes sans nos armes lourdes comme elles étaient sur le point de débarquer. Nous traversâmes l'Aure. Après avoir pris Trévières maison par maison nous bougeâmes pour prendre Cerisy. Puis nous capturâmes un carrefour coupant la nationale allant de St Lô à Bayeux, et une de nos compagnies prit le village de Vaucrevon. Durant nos deux premiers jours de combat nous progressâmes de 17km, ce qui n'est pas mal pour un régiment d'infanterie subissant son baptême de feu sans armes lourdes. Notre but était St Lô via la colline 192, qui est une autre histoire en elle-même.
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