Le fruit de la coopération Sino-Germanique, la 88e Division d'Infanterie (第八十八师)
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Le fruit de la coopération Sino-Germanique, la 88e Division d'Infanterie (第八十八师)
Entre les années 1920 et 1930, la République de Chine (les nationalistes) a grandement besoin d'un allié européen. En effet, la Chine souffre alors d'un grave retard de développement accumulé durant les deux dernières dynasties impériales isolationnistes. Il est alors impératif pour cette jeune république d'affirmer sa puissance militaire afin d'éviter une agression future (l'Histoire l'a prouvé, ça n'a pas été suffisant).
L'Allemagne, alors second plus grand partenaire commercial de la Chine fut un choix évident, d'autant plus que les relations de la Chine avec les autres puissances européennes telles la Grande-Bretagne étaient un chouïa plus hostiles, en plus de l'isolation de l'Allemagne suite au Diktat de Versailles. De plus, l'Allemagne n'avait plus aucun intérêt en Chine, contrairement à la Russie (envoi de communistes par colissimo par exemple), et ne risquait pas de transformer le pays en colonie.
Cette coopération débuta par l'implantation d'entreprises allemandes sur le sol chinois, telles Siemens à Nanjing (Nankin) avec le célèbre John Rabe, et progressa rapidement vers une coopération au niveau des forces armées en plus de l'industrie nationale.
Les premiers experts militaires de la Reichswehr arrivent alors dans la fin des années 20.
Le pas le plus important fut franchi en 1933, avec l'arrivée de Hans von Seeckt à Shanghai en tant que "conseiller expérimenté au développement économique et militaire de l'Allemagne en Chine". L'arrivée au pouvoir d'Hitler en Allemagne accélère aussi fortement la création d'une politique de coopération concrète entre les deux états. Il ne faut pas oublier que von Seeckt est quand même L’Homme qui a structuré la Reichswehr puis Wehrmacht !
von Seeckt suggère alors que la première étape du développement de l'armée chinoise serait l'adoption d'un entraînement uniforme à l'allemande ainsi qu'un contrôle total du commandement exercé par Tchang Kaï-Chek, le leader suprême du pays, du parti, et de l’armée. A cette époque en Chine, l’armée jure fidélité au parti puis au pays (on parle alors toujours de 黨國 ou DangGuo, Dang voulant dire ‘parti’ et Guo ‘pays’), peu importe le parti concerné (chaque parti a donc ainsi son armée). Le système militaire devait aussi être entièrement subordonné sous la forme d'un commandement organisé, pyramidal doté d’une hiérarchie claire. Pour atteindre ce but, von Seeckt propose la formation d'une « brigade d'entrainement » qui devrait assurer la propagation de l'entrainement germanique aux autres divisions pour créer une armée de métier compétente avec un corps d'officiers compétent dirigé par un système centralisé. Des officiers (comme le fils adoptif de Tchang) triés sur le volet sont ainsi envoyés à la Kriegshochschule de Munich.
Tchang Wei Kuo en Waffenrock des Gebirgsjäger
Les troupes chinoises reçurent même de rares exemplaires de Panzer I, Panzer II, et quelques SdKfz distribués avec parcimonie.
Cela peut sembler dérisoire, mais il faut noter le fait que lors de l’invasion de la Pologne a été conduite par une majorité de Panzer I et II, alors en 1935 (soit quatre ans avant l’offensive allemande), c’était quasiment du matériel de pointe !
En échange de cet encadrement, la Chine s'engage alors à fournir en masse des métaux à usage militaire (tels le tungstène) à l'Allemagne, qui devait préparer son économie de guerre au conflit dans lequel elle allait s'engager.
von Seeckt est remplacé par von Falkenhausen en 1935 et meurt l'année suivante, après avoir accompli un travail titanesque.
Cependant, la coopération ne pouvait pas durer indéfiniment, le Japon - ennemi de la Chine- étant la puissance majeure en Asie, l'Allemagne d'Hitler avait besoin de puissants alliés dans le Second Conflit mondial, dut cesser de soutenir la République de Chine.
Mais des envois d'armes continuèrent pendant quelque temps sous des pavillons quelque peu manipulés.
Des contacts diplomatiques entre le Troisième Reich et la République de Chine ont lieu jusqu'en juillet 1941, mais cessent avec la reconnaissance officielle du gouvernement pro-japonais de Nanjing comme seul gouvernement légitime de la Chine par le régime nazi.
Et la 88e dans tout ça
C'est dans ce contexte que fut formée la 88e Division d'Infanterie.
Elle fut active entre 1932 et 1948. Créée en 1932 au cours de la coopération sino-germanique, elle prit part à la Seconde Guerre mondiale, ainsi qu'à la guerre civile chinoise, avant d'être anéantie en Octobre 1948 dans la bataille décisive de Jinzhou.
Lors du plan d'armée de 60 Divisions proposé par Von Seeckt à Tchang, la 88e fut l'une des premières divisions à être modernisée à l'allemande, avec la 36e et la 87e. Depuis, ces trois divisions devinrent la crème de l'armée nationaliste. Elles ne furent pas ménagées, et prirent part aux plus grandes batailles de la seconde guerre sino-japonaise.
En 1937, la 88e est composée de plus de 14 000 hommes formés et presque tous équipés à l'allemande.
Officiers de la 88e
Avant même que toutes ses compagnies d'infanterie soient dotées à 100% de matériel allemand, l'avancée des Japonais force Tchang à envoyer la 88e au combat (avec la 87e) pour défendre la ville de Shanghai. Elle s'y battit avec courage, et même efficacité grâce à son matériel et entrainement allemand, mais avec la supériorité aérienne et navale japonaise ainsi qu'une absence totale de coordination avec les autres troupes chinoises (et aussi l'absence d'un système de défense en profondeur efficace), elle finit par se faire écraser par l'infanterie de marine japonaise qui débarque sans relâche.
Le jour de Noël 1937, Tchang ordonne la retraite de la 88e, et la rappelle sur Nanjing, alors capitale de la République de Chine et lieu de la célèbre bataille qui déboucha sur un massacre des populations civiles par l'Armée Impériale du Japon.
La 88e laisse alors un régiment pour couvrir la retraite vers Nanjing (le 524e).
Elle s'y fait ensuite décimer. Les pertes humaines et matérielles sont telles que la 88e n'atteindra plus jamais son niveau de compétence de 1937.
En 1942, elle est équipée de matériel britannique et américain, avant d'être envoyée avec sa division soeur (la 87e) à Burma, en tant que Force Expéditionnaire Chinoise.
Avec la fin de la guerre sino-japonaise et la reprise de la guerre civile chinoise, la 88e est, comme la plupart des divisions nationalistes, équipée à l'américaine, puis retourne au combat contre les communistes.
En 1948, son histoire s'achève avec sa destruction à Jinzhou par l'Armée Rouge chinoise.
L'équipement allemand de la 88e
Voici comment est équipé un soldat entraîné de la 88e en 1937
Il est comme on le voit, doté du typique Stahlhelm M35, d'un fusil Mauser Karabiner 98k avec ses cartouchières en cuir brun (notez que les équipements en cuir -hors chaussures- du soldat de la 88e sont tous bruns pour économiser le coût de la teinture noire qui était alors règlementaire dans la Wehrmacht, mais aussi parce que ces effets sont des effets dits de "début de guerre"), un brelage lourd, une baïonnette pour Mauser, une sorte de copie de Tornister mais dont l’intérieur ressemble à un sac français dû à la structure en bois, et même une gamelle allemande !
Généralement, les soldats chinois possédaient des cartouchières et brelages en tissu, il est donc facile de comprendre que le matériel allemand était un luxe réservé aux unités d'élites telle la 88e.
Les brodequins en cuir sont généralement réservés aux officiers, les hommes de troupe portant des traditionnelles chaussures de tissu bien moins chères à produire.
Les officiers pouvaient se vanter de posséder un pistolet Mauser C96, arme de poing massivement distribuée au sein des troupes chinoises, ou même un pistolet mitrailleur MP18 dans certaines circonstances.
Les compagnies d'artillerie et d'artillerie antichar étaient dotées de rares pièces d'artillerie allemande, tandis que la compagnie radio (un peloton doté de matériel avec fil, et un autre doté de matériel sans fil) était équipée de matériel radio allemand, la Chine n'ayant alors pas encore développé de systèmes aussi sophistiqués que les appareils de communication germaniques.``
Défilé de soldats de la 88e
Artilleurs chinois dotés d'un PaK36
L'aide allemande à la Chine couvrit quasiment tous les domaines militaires ainsi qu'une grosse part de l'industrie. Pour ainsi dire, le système d'égouts de la ville de Tsingtao, conçu par les Allemands au début du siècle dernier, est toujours en usage et dans un excellent état.
Mais l'élément le plus iconique et récurrent de cette coopération sino-germanique, ainsi que de l'uniforme du soldat nationaliste reste le Stahlhelm M35 dont la forme rappelle toujours et encore aux Chinois (même si le gouvernement communiste a tendance à ne pas apprécier ce qui est lié aux nationalistes) une lointaine coopération avec un ami Germanique.
Il est donc triste de constater qu'en Allemagne, il signifie tout autre chose.
Dernière édition par Anton Ivanovitch Zaykov le Dim 30 Sep 2018 - 16:40, édité 3 fois
Anton Ivanovitch Zaykov- rang 3 Gefreiter
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Re: Le fruit de la coopération Sino-Germanique, la 88e Division d'Infanterie (第八十八师)
c'est top ça, super article !!
Invité- Invité
Re: Le fruit de la coopération Sino-Germanique, la 88e Division d'Infanterie (第八十八师)
Merci Thomas, ça fait plaisir de voir que tu as apprécié ^^
Anton Ivanovitch Zaykov- rang 3 Gefreiter
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Re: Le fruit de la coopération Sino-Germanique, la 88e Division d'Infanterie (第八十八师)
genial j’adore
pourrais tu développé leurs grandes campagnes et batailles ? bravo c’est passionnant
pourrais tu développé leurs grandes campagnes et batailles ? bravo c’est passionnant
Oliver STONE- rang 14 Major
- Messages : 612
Date d'inscription : 20/05/2016
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Re: Le fruit de la coopération Sino-Germanique, la 88e Division d'Infanterie (第八十八师)
Merci Pom ^^
La suite vient dans un post suivant, mais il va me falloir un peu de temps pour trouver les infos
La suite vient dans un post suivant, mais il va me falloir un peu de temps pour trouver les infos
Anton Ivanovitch Zaykov- rang 3 Gefreiter
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