5 - Le déminage (Vierville sur Mer)
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5 - Le déminage (Vierville sur Mer)
Il a eu lieu entre 1946 et 1947 à Vierville sur Mer lors de la reconstruction....
Après un déminage limité effectué par les Américains en 1944 pour leurs besoins, de nombreux champs de Vierville sont restés minés à la fin de 1944, lorsque les soldats sont partis. Ces espaces minés et balisés se situaient tous à proximité des falaises, généralement à l'ouest de la descente.
Par ailleurs il faut remarquer qu'il n'y avait plus d'armes de guerre utilisables et abandonnées, les soldats Américains les ayant systématiquement emportées. Seules restaient des armes hors d'usage, les pricipales étant les 3 canons antichars des bunkers de la descente de Vierville:
- un canon allemand PAK43 de 88mm, qui a été volontairement conservé dans le bunker-monument de la Garde Nationale des Etats-Unis,
- un canon allemand KWK de 50mm court dans le bunker à double embrasure, obturé aujourd'hui et qui sert de magasin. Ce canon a été ferraillé vers 1949, il n'en reste rien.
- un canon de 75mm dans un bunker le long du sentier menant au camping. Il a aussi éta ferraillé, son frein de bouche a été conservé et scellé sur un muret le long de la rampe de descente des bateau
Exemple de panneaux posés par les Allemands. Ces avertissements étaient parfois fictifs, le champ de mines n'étant pas toujours en place.
Généralement les paysans savaient quand un champ était réellement miné et les Américains ont vite appris à reconnaître les champs sans danger lorsque du bétail s'y trouvait.
Le plan des champ de mines établi approximativement par les Américains avant le débarquement, au nord de la route de Grandcamp. Il y avait peu de mines au nord de la route de Saint-Laurent
Liste des terres minées
Dommages de guerre, liste des parcelles, document de travail
Formulaire de déclaration de dommages agricoles
Juin1944, premier déminage des talus de la descente de Vierville. A l'époque le vallon était utilisé par une station de transfert par grues des cargaisons de "canards" sur des camions
Un "engineers" examine une mine bondissante S, antipersonnel, qu'il vient de sortir du talus de la descente de Vierville
Des mines antichar "Tellerminen", avec 2 obus piégés. Ces mines étaient rares sur la falaise, mais fréquentes sur les obstacles de plage et sur les bords des chemins
Obus de 270mm piégé, dans la falaise, à environ 1 ou 2 m sous le crète de falaise.
Il ne semble pas que ces pièges aient été utilisés le 6 juin 44, ils étaient placés loin des fortins occupés par des Allemands trop peu nombreux pour veiller à tout.
Périodiquement des obus de ce type sont retrouvés sous les falaises, encore en 2008,
Leur déminage définitif a été réalisé en 1946 et au début de 1947 par le Ministère de la Reconstruction avec des moyens civils.
Une équipe d'une vingtaine de prisonniers allemands accompagnés de quelques ouvriers français, sous la responsabilité d'un chef démineur français, a assuré ce travail difficile et dangereux.
Ce déminage a provoqué à Vierville au moins un accident qui a coûté la vie à un démineur français, dans des circonstances mal éclaircies, suicide ou accident? Il semble que le piège avait été décelé avant l'explosion et l'opérateur aurait volontairement ignoré l'avertissement.
L'équipe des démineurs, des prisonniers Allemands, quelques Français et le chef démineur Mr. Lancry (avec un chapeau noir), plus tard artisan peintre à Trévières.
Sur la photo ci-dessus, l'homme à droite avec une casquette est Monsieur Dubois, ancien maire de Vierville.pendant les années 1935 à 1941, sa ferme était la dernière à droite sur la route de Grandcamp et beaucoup de ses champs étaient minés.
Ces 2 photos ont été prises l'une en été, l'autre en hiver, on ne sait exactement par qui. Il est probable que chaque membre de l'équipe en reçut un exemplaire. C'est semble-t-il un Allemand qui les a rapporté longtemps après à Mr.Leveel au musée de Vierville.
La même équipe a assuré l'enlèvement des gros obus de 270mm piégés et suspendus en haut de la falaise, espacés d'environ 100 ou 200mètres, ainsi que l'enlèvement des munitions abandonnées ou non explosées qui ont pu être retrouvées à l'époque.
Depuis la fin du déminage, tous les ans, des bombes, obus, munitions et explosifs divers sont découverts fortuitement et détruits par un service spécialisé dépendant de la Protection Civile. Ce service intervient très rapidement et il a encore du travail toute l'année sur l'ensemble des Départements des côtes de la Manche.
Après un déminage limité effectué par les Américains en 1944 pour leurs besoins, de nombreux champs de Vierville sont restés minés à la fin de 1944, lorsque les soldats sont partis. Ces espaces minés et balisés se situaient tous à proximité des falaises, généralement à l'ouest de la descente.
Par ailleurs il faut remarquer qu'il n'y avait plus d'armes de guerre utilisables et abandonnées, les soldats Américains les ayant systématiquement emportées. Seules restaient des armes hors d'usage, les pricipales étant les 3 canons antichars des bunkers de la descente de Vierville:
- un canon allemand PAK43 de 88mm, qui a été volontairement conservé dans le bunker-monument de la Garde Nationale des Etats-Unis,
- un canon allemand KWK de 50mm court dans le bunker à double embrasure, obturé aujourd'hui et qui sert de magasin. Ce canon a été ferraillé vers 1949, il n'en reste rien.
- un canon de 75mm dans un bunker le long du sentier menant au camping. Il a aussi éta ferraillé, son frein de bouche a été conservé et scellé sur un muret le long de la rampe de descente des bateau
Exemple de panneaux posés par les Allemands. Ces avertissements étaient parfois fictifs, le champ de mines n'étant pas toujours en place.
Généralement les paysans savaient quand un champ était réellement miné et les Américains ont vite appris à reconnaître les champs sans danger lorsque du bétail s'y trouvait.
Le plan des champ de mines établi approximativement par les Américains avant le débarquement, au nord de la route de Grandcamp. Il y avait peu de mines au nord de la route de Saint-Laurent
Liste des terres minées
Dommages de guerre, liste des parcelles, document de travail
Formulaire de déclaration de dommages agricoles
Juin1944, premier déminage des talus de la descente de Vierville. A l'époque le vallon était utilisé par une station de transfert par grues des cargaisons de "canards" sur des camions
Un "engineers" examine une mine bondissante S, antipersonnel, qu'il vient de sortir du talus de la descente de Vierville
Des mines antichar "Tellerminen", avec 2 obus piégés. Ces mines étaient rares sur la falaise, mais fréquentes sur les obstacles de plage et sur les bords des chemins
Obus de 270mm piégé, dans la falaise, à environ 1 ou 2 m sous le crète de falaise.
Il ne semble pas que ces pièges aient été utilisés le 6 juin 44, ils étaient placés loin des fortins occupés par des Allemands trop peu nombreux pour veiller à tout.
Périodiquement des obus de ce type sont retrouvés sous les falaises, encore en 2008,
Leur déminage définitif a été réalisé en 1946 et au début de 1947 par le Ministère de la Reconstruction avec des moyens civils.
Une équipe d'une vingtaine de prisonniers allemands accompagnés de quelques ouvriers français, sous la responsabilité d'un chef démineur français, a assuré ce travail difficile et dangereux.
Ce déminage a provoqué à Vierville au moins un accident qui a coûté la vie à un démineur français, dans des circonstances mal éclaircies, suicide ou accident? Il semble que le piège avait été décelé avant l'explosion et l'opérateur aurait volontairement ignoré l'avertissement.
L'équipe des démineurs, des prisonniers Allemands, quelques Français et le chef démineur Mr. Lancry (avec un chapeau noir), plus tard artisan peintre à Trévières.
Sur la photo ci-dessus, l'homme à droite avec une casquette est Monsieur Dubois, ancien maire de Vierville.pendant les années 1935 à 1941, sa ferme était la dernière à droite sur la route de Grandcamp et beaucoup de ses champs étaient minés.
Ces 2 photos ont été prises l'une en été, l'autre en hiver, on ne sait exactement par qui. Il est probable que chaque membre de l'équipe en reçut un exemplaire. C'est semble-t-il un Allemand qui les a rapporté longtemps après à Mr.Leveel au musée de Vierville.
La même équipe a assuré l'enlèvement des gros obus de 270mm piégés et suspendus en haut de la falaise, espacés d'environ 100 ou 200mètres, ainsi que l'enlèvement des munitions abandonnées ou non explosées qui ont pu être retrouvées à l'époque.
Depuis la fin du déminage, tous les ans, des bombes, obus, munitions et explosifs divers sont découverts fortuitement et détruits par un service spécialisé dépendant de la Protection Civile. Ce service intervient très rapidement et il a encore du travail toute l'année sur l'ensemble des Départements des côtes de la Manche.
Dernière édition par Hick22 le Mer 4 Jan 2017 - 11:57, édité 1 fois
Hick22- rang 10 Stabsfeldwebel
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Re: 5 - Le déminage (Vierville sur Mer)
En quittant Vierville en décembre 1944, les Américains ont laissés des dépôts importants d'explosifs stockés le long de certaines routes. Ces dépôts n'étaient pas gardés
Il s'agissait de caisses en bois contenant chacune 2 sacoches de 8 pains d'explosifs. Ces caissettes étaient regroupées en gros tas déposés tous les 50 mètres le long de la route Vierville-Formigny. D'autres routes du voisinage étaient également utilisées, notamment Saint-Laurent - Formigny et d'autres à Asnières.
Ces dépôts ont été souvent l'objet de vols, la population locale s'en servait comme allume-feu, sans qu'il y ait eu d'accidents à ma connaissance.
Une caissette d'explosifs C (tétrytol) contenait 2 sacoches vertes avec chacune 8 pains d'explosifs
A la fin de 1945, les Américains ont entrepris d'enlever ces dépôts dangereux. C'est dans ces circonstances qu'un accident dramatique a eu lieu à Asnières le jeudi 25 octobre 1945 (voir ci dessous).
L'explosion a causé la mort de 41 personnes (4 civils Français d'Asnières, 7 soldats Américains et 30 prisonniers Allemands). Le village de Vierville, situé à 2 km à vol d'oiseau de l'explosion, a subi des dégâts très importants aux toitures et aux portes et fenêtres, dégâts qui sont souvent survenus sur des habitations déjà réparées par les habitants, créant un fort sentiment de découragement.
Il s'agissait de caisses en bois contenant chacune 2 sacoches de 8 pains d'explosifs. Ces caissettes étaient regroupées en gros tas déposés tous les 50 mètres le long de la route Vierville-Formigny. D'autres routes du voisinage étaient également utilisées, notamment Saint-Laurent - Formigny et d'autres à Asnières.
Ces dépôts ont été souvent l'objet de vols, la population locale s'en servait comme allume-feu, sans qu'il y ait eu d'accidents à ma connaissance.
Une caissette d'explosifs C (tétrytol) contenait 2 sacoches vertes avec chacune 8 pains d'explosifs
A la fin de 1945, les Américains ont entrepris d'enlever ces dépôts dangereux. C'est dans ces circonstances qu'un accident dramatique a eu lieu à Asnières le jeudi 25 octobre 1945 (voir ci dessous).
L'explosion a causé la mort de 41 personnes (4 civils Français d'Asnières, 7 soldats Américains et 30 prisonniers Allemands). Le village de Vierville, situé à 2 km à vol d'oiseau de l'explosion, a subi des dégâts très importants aux toitures et aux portes et fenêtres, dégâts qui sont souvent survenus sur des habitations déjà réparées par les habitants, créant un fort sentiment de découragement.
Hick22- rang 10 Stabsfeldwebel
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Re: 5 - Le déminage (Vierville sur Mer)
(cf "La Renaissance du Bessin" du Samedi 27 Octobre 1945)
"""" Le village d'ASNIERES détruit par l'explosion d'un dépôt d'explosifs 41 morts, 4 civils, 7 américains et 30 allemands
Jeudi, vers 14h30, une violente explosion a été ressentie dans toute la région. Un dépôt d'explosifs en sautant venait de détruire le village d'Asnières-en-Bessin tandis que les communes voisines de Louvières et Vierville souffraient considérablement du fait de la violence de l'explosion.
A environ 500m. du village, des prisonniers allemands chargeaient six camions américains que conduisaient des noirs.
Pour une cause indéterminée, le dépôt a sauté, volatilisant les camions et les hommes et laissant 3 énormes cratères. Une femme du pays, Mme Le Gara et ses deux nourrissons qui cueillaient de l'herbe pour les lapins ont été tuées sur le coup par la déflagration.
Un grand nombre de blessés plus ou moins graves ont été retirés des décombres des maisons endommagées par l'explosion. Il faut compter 110 personnes sans abri. On compte 20 blessés graves, 3 civils, 7 soldats américains (les 6 chauffeurs et le chef de groupe) et 30 prisonniers allemands tués.
Les blessés ont été transportés à l'Hôpital de Bayeux où ils ont reçu les soins nécessités par leur état.
La petite Janine Gouyer 8 ans est décédé jeudi soir à l'Hôpital.
Dès qu'ils ont eu connaissance de ce désastre, M. Triboulet, sous- préfet, et le lieutenant de gendarmerie Lepère se sont rendus sur les lieux.
Dés que nous avons eu connaissance du sinistre qui a ravagé le bourg d'Asnières nous nous sommes rendus sur les lieux où nous avons été reçus par M. de Brunville, maire.
"Asnières en Bessin était ravagé comme par un bombardement: toits soufflés, murs écroulés, portes et fenêtres arrachées. L'église du 12ème siècle avait perdu son toit et son clocher penchait dangereusement. La mairie et l'école (vide, car on était jeudi) se sont effondrées.
Dans le château où il demeure nous avons déjà pu remarquer les effets terribles de l'explosion: portes et fenêtres étaient arrachées; les meubles se trouvaient déplacés; un désordre indescriptible régnait dans toutes les pièces. La nuit était venue et le pays se trouvait plongé dans l'obscurité totale. M. de Brunville, s'entretenait avec Monsieur Triboulet, sous-préfet, en présence des délégués de l'Entr'Aide Française de Bayeux, de Mlle de Bernard, assistante sociale et de plusieurs de ses administrés plus ou moins contusionnés.
Nous avons remarqué avec quelle intelligence M. le Maire avait organisé les premiers secours, le transport des blessés, évacuation des vieillards et enfants et maintenant il s'entretenait du logement des sinistrés avec notre très actif sous-préfet avant d'entreprendre avec l'Entr'Aide Française, une distribution de secours d'urgence : couvertures, vivres et ustensiles de première nécessité.
Dans le village nous avons pu nous entretenir avec quelques habitants encore sous le coup de l'explosion. Tous étaient sinistrés mais n'osaient pas quitter leur logement ayant peur du pillage et tous ils sont demeurés cette longue nuit, dans le noir, tandis que la bourrasque d'automne s'engouffrait en rafale faisant voler encore les ardoises et gémir les charpentes brisées, nuit lugubre sur laquelle planait la mort.
C'est vendredi matin que nous avons pu nous rendre compte de l'étendue véritable du désastre qui avait la veille, ruiné ce bourg paisible: toutes les toitures se sont écrasées sur les maisons qui ont plus ou moins résisté; toutes sont inhabitables, en grande partie elles se sont effondrées et devront être reconstruites; l'église n'a pas échappé an sort commun: le clocher est profondément lézardé, la toiture pantelante. Près du confessionnal, sous un drap, repose le corps affreusement mutilé d'un soldat noir: le seul dont on ait retrouvé quelque chose.
Ici la demeure de madame Le Gara qui trouva la mort avec ses deux nourrissons dans le champ voisin; en face, l'habitation des frères Thomas dont l'un est à l'Hôpital, blessé gravement; celui à qui nous parlons a été légèrement blessé; il est accablé devant sa maison en ruines, ses meubles broyés. Il fut prisonnier pendant 5 ans!…
Voici, là-bas, au bout d'un petit chemin la maisonnette de la famille Gouhier dont l'enfant, la petite Jeanine, est décédée à l'Hôpital de Bayeux; sa maman y est encore en traitement...
Plus on s'approche du lieu de l'explosion plus les dégâts sont impressionnants. Nous y voilà, c'est à environ 200m du bourg.
Un spectacle de champ de bataille s'offre à nos regards: monticules de terres, arbres déchiquetés, transportés, terrains labourés, parsemés de débris de moteurs, de lambeaux de pneus ou de ferraille informe, de pylônes électriques écrasés au sol.
Trois cratères énormes marquent le lieu de l'explosion. Le plus profond mesure 10 mètres de profondeur sur trente de diamètre. Dans les champs avoisinants des soldats recherchent les restes des victimes. A quelque cent mètres de là un champ de betteraves est complément effeuillé. Sur le chemin du retour nous croisons M. le sous-préfet, accompagné du chef de gendarmerie de Trévières et des délégués de l'Entr'Aide de Caen. Nous voyons encore le Colonel américain Khurie et plusieurs officiers; la MP noire monte la garde et assure le service d'ordre dans le village que les habitants évacuent maintenant à pleines charrettes.
Le Général Laffitte, commandant le groupe de subdivision à Caen, représentant le Général commandant la 3ème Région, s'est rendu sur les lieux où il a salué le corps d'une victime à l'église d'Asnières et présenté ses condoléances aux autorités américaines. A Bayeux, il a rendu visite aux blessés à l'hôpital.
Qui nous dira jamais les motifs de ce sinistre? Les raisons les plus diverses sont admises; comme nous l'avons dit il s'agissait d'explosifs: dynamite et cheddite et non de munitions. On peut supposer la malveillance comme la maladresse d'un prisonnier allemand ou tout autre chose; toutes les suppositions sont permises, mais il est certain que la lumière ne sera jamais faite sur ce drame.
Puisse un redoublement de surveillance et de sérieuses précautions éviter la répétition de catastrophes semblables. """"
"""" Le village d'ASNIERES détruit par l'explosion d'un dépôt d'explosifs 41 morts, 4 civils, 7 américains et 30 allemands
Jeudi, vers 14h30, une violente explosion a été ressentie dans toute la région. Un dépôt d'explosifs en sautant venait de détruire le village d'Asnières-en-Bessin tandis que les communes voisines de Louvières et Vierville souffraient considérablement du fait de la violence de l'explosion.
A environ 500m. du village, des prisonniers allemands chargeaient six camions américains que conduisaient des noirs.
Pour une cause indéterminée, le dépôt a sauté, volatilisant les camions et les hommes et laissant 3 énormes cratères. Une femme du pays, Mme Le Gara et ses deux nourrissons qui cueillaient de l'herbe pour les lapins ont été tuées sur le coup par la déflagration.
Un grand nombre de blessés plus ou moins graves ont été retirés des décombres des maisons endommagées par l'explosion. Il faut compter 110 personnes sans abri. On compte 20 blessés graves, 3 civils, 7 soldats américains (les 6 chauffeurs et le chef de groupe) et 30 prisonniers allemands tués.
Les blessés ont été transportés à l'Hôpital de Bayeux où ils ont reçu les soins nécessités par leur état.
La petite Janine Gouyer 8 ans est décédé jeudi soir à l'Hôpital.
Dès qu'ils ont eu connaissance de ce désastre, M. Triboulet, sous- préfet, et le lieutenant de gendarmerie Lepère se sont rendus sur les lieux.
Dés que nous avons eu connaissance du sinistre qui a ravagé le bourg d'Asnières nous nous sommes rendus sur les lieux où nous avons été reçus par M. de Brunville, maire.
"Asnières en Bessin était ravagé comme par un bombardement: toits soufflés, murs écroulés, portes et fenêtres arrachées. L'église du 12ème siècle avait perdu son toit et son clocher penchait dangereusement. La mairie et l'école (vide, car on était jeudi) se sont effondrées.
Dans le château où il demeure nous avons déjà pu remarquer les effets terribles de l'explosion: portes et fenêtres étaient arrachées; les meubles se trouvaient déplacés; un désordre indescriptible régnait dans toutes les pièces. La nuit était venue et le pays se trouvait plongé dans l'obscurité totale. M. de Brunville, s'entretenait avec Monsieur Triboulet, sous-préfet, en présence des délégués de l'Entr'Aide Française de Bayeux, de Mlle de Bernard, assistante sociale et de plusieurs de ses administrés plus ou moins contusionnés.
Nous avons remarqué avec quelle intelligence M. le Maire avait organisé les premiers secours, le transport des blessés, évacuation des vieillards et enfants et maintenant il s'entretenait du logement des sinistrés avec notre très actif sous-préfet avant d'entreprendre avec l'Entr'Aide Française, une distribution de secours d'urgence : couvertures, vivres et ustensiles de première nécessité.
Dans le village nous avons pu nous entretenir avec quelques habitants encore sous le coup de l'explosion. Tous étaient sinistrés mais n'osaient pas quitter leur logement ayant peur du pillage et tous ils sont demeurés cette longue nuit, dans le noir, tandis que la bourrasque d'automne s'engouffrait en rafale faisant voler encore les ardoises et gémir les charpentes brisées, nuit lugubre sur laquelle planait la mort.
C'est vendredi matin que nous avons pu nous rendre compte de l'étendue véritable du désastre qui avait la veille, ruiné ce bourg paisible: toutes les toitures se sont écrasées sur les maisons qui ont plus ou moins résisté; toutes sont inhabitables, en grande partie elles se sont effondrées et devront être reconstruites; l'église n'a pas échappé an sort commun: le clocher est profondément lézardé, la toiture pantelante. Près du confessionnal, sous un drap, repose le corps affreusement mutilé d'un soldat noir: le seul dont on ait retrouvé quelque chose.
Ici la demeure de madame Le Gara qui trouva la mort avec ses deux nourrissons dans le champ voisin; en face, l'habitation des frères Thomas dont l'un est à l'Hôpital, blessé gravement; celui à qui nous parlons a été légèrement blessé; il est accablé devant sa maison en ruines, ses meubles broyés. Il fut prisonnier pendant 5 ans!…
Voici, là-bas, au bout d'un petit chemin la maisonnette de la famille Gouhier dont l'enfant, la petite Jeanine, est décédée à l'Hôpital de Bayeux; sa maman y est encore en traitement...
Plus on s'approche du lieu de l'explosion plus les dégâts sont impressionnants. Nous y voilà, c'est à environ 200m du bourg.
Un spectacle de champ de bataille s'offre à nos regards: monticules de terres, arbres déchiquetés, transportés, terrains labourés, parsemés de débris de moteurs, de lambeaux de pneus ou de ferraille informe, de pylônes électriques écrasés au sol.
Trois cratères énormes marquent le lieu de l'explosion. Le plus profond mesure 10 mètres de profondeur sur trente de diamètre. Dans les champs avoisinants des soldats recherchent les restes des victimes. A quelque cent mètres de là un champ de betteraves est complément effeuillé. Sur le chemin du retour nous croisons M. le sous-préfet, accompagné du chef de gendarmerie de Trévières et des délégués de l'Entr'Aide de Caen. Nous voyons encore le Colonel américain Khurie et plusieurs officiers; la MP noire monte la garde et assure le service d'ordre dans le village que les habitants évacuent maintenant à pleines charrettes.
Le Général Laffitte, commandant le groupe de subdivision à Caen, représentant le Général commandant la 3ème Région, s'est rendu sur les lieux où il a salué le corps d'une victime à l'église d'Asnières et présenté ses condoléances aux autorités américaines. A Bayeux, il a rendu visite aux blessés à l'hôpital.
Qui nous dira jamais les motifs de ce sinistre? Les raisons les plus diverses sont admises; comme nous l'avons dit il s'agissait d'explosifs: dynamite et cheddite et non de munitions. On peut supposer la malveillance comme la maladresse d'un prisonnier allemand ou tout autre chose; toutes les suppositions sont permises, mais il est certain que la lumière ne sera jamais faite sur ce drame.
Puisse un redoublement de surveillance et de sérieuses précautions éviter la répétition de catastrophes semblables. """"
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Re: 5 - Le déminage (Vierville sur Mer)
un des 3 immenses cratères, le personnage au fond du trou donne une idée de sa dimension.
une vue de l'église d'Asnières
Remerciements
Le Maire, le Conseil Municipal et les Habitants d'Asnières-en-Bessin expriment leur gratitude émue pour les secours et les témoignages de sympathie qu'ils ont reçus des autorités françaises et alliées à l'occasion du sinistre qui endeuille leur commune, ils remercient également toutes les personnes des environs qui les ont aidés en quelque manière que ce soit. Ils adressent un merci particulier à l'Entr'Aide.
Le château d'Asnières, dont le propriétaire était Mr de Brunville, maire de la Commune
Le Maire d'Asnières-en-Bessin remercie au nom de tous les habitants de la commune, les familles Burnel et Surbin qui ont en la généreuse pensée d'offrir aux sinistrés le montant de la quête faite au mariage du 25 octobre à la mairie de Saint-Pierre-du-Mont.
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